Pyrénées-Atlantiques - le département Dossiers pédagogiques des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques

Boualam Saïd

dit le bachaga Boualam (1906-1982)

Saïd Boualam dit le bachagha Boualam naît en 1906 dans le département de Bône, près de la frontière tunisienne. Sa famille est originaire du massif de l’Ouarsenis, entre l’Algérois et l’Oranais. Il descend d’une longue lignée de caïds, ces fonctionnaires « musulmans » qui officiaient à la tête des douars, les fractions territoriales des communes algériennes. Il embrasse très tôt la carrière militaire : il étudie dans diverses écoles militaires de France dont celle d’Hippolyte-le-Fort dans le Gard, d’abord en tant qu’enfant de troupe. Il obtient son certificat de fin d’études.

Sa carrière militaire, durant la Seconde guerre mondiale notamment, lui vaut les plus grands honneurs : il reçoit la Croix de guerre 1939-45, la Croix du combattant et la Croix de la valeur militaire. Il est également fait Grand officier de la Légion d’honneur. Son ralliement résolu à la France l’amène à exercer la fonction de caïd après 1945, à la tête du douar des Beni Boudouane dont il est lui-même issu.

Après les attentats nationalistes de novembre 1954, Saïd Boualam est l’un des premiers notables algériens à organiser des troupes d’autodéfense pro-français, composées de combattants « indigènes ». Les harkas, troupes supplétives de l’armée française sont ensuite organisées à partir du mois de mai 1955. Le bachaga Boualam assume aussitôt le commandement d’une de ces formations de «Musulmans» chargées de contribuer aux opérations de l’armée en Algérie. Les titres d’agha et de bachagha qui lui sont conférés successivement en 1955 et 1956 augmentent son grade mais ses fonctions restent identiques.

Les élections législatives avaient été ajournées sine die par le gouvernement Guy Mollet en Algérie en 1956, mais De Gaulle décide d’en organiser de nouvelles en Algérie comme en métropole au mois de novembre 1958. Les listes doivent «respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés ». Dans la cinquième circonscription, celle d’Orléansville, cette répartition est fixée à un candidat de statut commun, c'est-à-dire un Français d’Algérie, et trois candidats de statut civil local, c'est-à-dire des « Français musulmans d’Algérie ». Saïd Boualam est l’un deux et prend la tête de la liste d’union nationale pour l’intégration et le renouveau (UNIR), qui se targuent du soutien des «associations patriotiques qui ont efficacement combattu pour l’Algérie française ».

Sa présence au Palais Bourbon entre 1958 et 1962 a marqué les mémoires, ne serait-ce qu’en léguant l’image d’un vice-Président de l’Assemblée recouvert d’un ample burnous et arborant ses décorations militaires, détonnant sur les bancs de l’Assemblée.

Il assume également, à partir de 1959, des responsabilités politiques locales en Algérie : il est élu maire de la commune de Beni Boudouane et conseiller général du département d’Orléansville en 1959. Il participe, la même année, à la fondation du Rassemblement pour l’Algérie française, puis préside en 1960 le Front de l’Algérie française.

Lui qui a perdu un fils « assassiné par le FLN » en décembre 1958, refuse absolument « que des assassins puissent un jour participer aux décisions fixant le destin politique de l’Algérie ». Il demande la fin de la guerre que du point de vue militaire la France est en train de gagner en Algérie, et déplore les discussions entamées avec les représentants du gouvernement provisoire algérien. Il fait alors l’éloge de l’armée, mais les votes de Saïd Boualam sur les autres questions témoignent de l’ampleur prise, au fur et à mesure de son mandat, par sa défiance à l’égard du pouvoir gaulliste. 

Avec l’indépendance de l’Algérie et la fin de son mandat de député en juillet 1962, il s’installe à Mas-Thibert près d’Arles avec l’ensemble des siens. Il publie cette même année Mon pays… la France ! puis l’année suivante Les harkis au service de la France. Il continue à défendre les intérêts des anciens supplétifs algériens de l’armée française, à la tête notamment du Front national des rapatriés français de confession islamique (FNRFCI), où il succède à Ahmed Djebbour. A ce titre, il est nommé membre de la Commission nationale chargée de l’étude des problèmes des Français musulmans en 1979.

Il décède à Marseille en 1982.

A la fin des années 1990, les associations de familles de harkis se mobilisent afin d’obtenir une meilleure reconnaissance du traumatisme et du préjudice subis. L’hommage national instauré à partir de 2002 par décision de Jacques Chirac Doc 033_1 constitue un moment important dans la mémoire de ce groupe. 

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